L’histoire de la pêche aux poissons des chenaux

À Sainte-Anne-de-la-Pérade, la pêche au poulamon — qu’on appelle aussi « poisson des chenaux » — est bien plus qu’une activité hivernale : c’est un patrimoine vivant. Des premières mentions des « poissons d’hiver » dans la région jusqu’à la découverte de leur présence dans la rivière Sainte-Anne au début du XXe siècle, cette tradition a façonné la vie du village. L’essor du chemin de fer a ensuite transformé la pratique en phénomène populaire, avec des rues entières de cabanes sur la glace. Après un déclin lié à la pêche commerciale, le moratoire de 1992 a permis à la ressource de se rétablir. Aujourd’hui, familles et amis se réunissent dans des cabanes chauffées pour vivre une expérience conviviale, sécuritaire et authentique.

Des traces anciennes et un « poisson d’hiver »

Au début du XXe siècle, un habitant découpant des blocs de glace pour sa glacière aperçoit de petits poissons dans un trou : le poulamon fréquente bel et bien la rivière Sainte-Anne. Très vite, la population s’organise, des trous sont percés, puis les premières cabanes apparaissent pour pêcher à l’abri.

Habitant qui coupe de la glace pour les frigo l'été
Village de pêche du vingtième sciècle à Ste-Anne-de-La Pérade

Âge d’or

Au milieu du XXe siècle, la pêche aux poissons des chenaux devient un véritable phénomène populaire. Des familles entières se déplacent sur la rivière gelée et les premières organisations structurent l’accueil des visiteurs. Les cabanes se multiplient, l’équipement s’améliore et la saison attire chaque hiver des milliers de curieux.

Les commerçants locaux profitent de cet engouement : restauration, location d’équipements, transport et hébergement. La tradition se transmet, les techniques se perfectionnent, et l’activité devient une signature hivernale de Sainte-Anne-de-la-Pérade.

Moratoire de 1992…

En 1992, un moratoire est instauré afin de protéger la population de poulamons, fragilisée par des années de pêche intensive et des changements environnementaux. Ce tournant marque une prise de conscience collective : la ressource est précieuse et doit être gérée de façon durable.

Les intervenants locaux, les pêcheurs et les scientifiques collaborent pour mieux comprendre l’écosystème de la rivière Sainte-Anne. Grâce à ces efforts, la population de poissons se rétablit progressivement, permettant à la tradition de perdurer et de retrouver son dynamisme.

Pêche commerciale aux poissons des chenaux
Groupe d'amis devant une cabane à pêche

Aujourd’hui, une tradition vivante

La pêche aux poissons des chenaux demeure aujourd’hui une activité unique qui rassemble des milliers de visiteurs chaque hiver. Les cabanes colorées, installées sur la rivière gelée, créent un véritable village éphémère où familles, amis et curieux partagent une expérience authentique.

Modernisée mais fidèle à ses origines, la pêche à Sainte-Anne-de-la-Pérade allie convivialité, sécurité et tradition. Elle continue de faire vivre le patrimoine local, en accueillant petits et grands dans une ambiance chaleureuse.